EDITIONS DE L'atelier du Poisson soluble

Bou et les 3 ours

de Valentin Green
L’était une fois une petite Bou qui livait dans la forest avec sa maïe et son païe. Un jour elle partit caminer dans la forest pour groupir des flores. Elsa Valentin : “J’ai voulu jouer avec le langage en mélangeant des mots inventés, des mots-valises, des mots d’un registre familier, et beaucoup de mots étrangers (Créole du Cap Vert, Wolof, Italien, Anglais…). L’idée était de créer un langage qui ne soit plus du français mais qui soit pourtant transparent et directement compréhensible, et qui soit plaisant à prononcer à haute voix.”

Brune & White

de Pascale Moutte-Baur
Comment rencontrer l'autre malgré la barrière de la langue ? Attention : ceci n'est pas un album bilingue ! Aucune intention didactique de la part de Pascale Moutte-Baur mais une invitation à partager une expérience, celle de la rencontre avec la différence par la découverte visuelle au-delà de la communication verbale. Le texte est ici anecdotique. C'est l'image, comme un puzzle à assembler pour suivre l'histoire, qui construit le dialogue entre cette partie menaçante avec son grouillement de motifs de camouflage militaire et cette autre, vide et raide. Pour peu qu'on accepte de sortir des codes habituels de l'album, la compréhension survient avec l'identification. Mais les enfants, eux, ne nous aurons, quoiqu'il en soit, pas attendus, déjà en immersion totale, sans aucune appréhension ni préjugé face au multiculturalisme.

Les contes barrés du supermarché

de Richard Petitsigne et Justine Duhe

Le supermarché Soloprix, se dresse fièrement en plein milieu de la zone d'activités du " pré aux vaches ", coincé entre le lotissement B2 et les anciens abattoirs voués à une destruction prochaine. Les membres de son personnel vivent des choses pour le moins étonnantes. Après " Le Fennec le plus menteur du monde ", Richard Petitsigne revient avec un nouveau recueil de nouvelles qui s'emboîtent les unes dans les autres pour former une formidable saga et s'amuser du petit théâtre de la grande distribution. Coup de chaud au rayon surgelé et rififi aux fruits et légumes garantis !

Danse macabre

de Mickael Soutif
« Nous sommes tous égaux devant la mort inexorable », telle est la morale que nous livre pardelà les siècles, les danses macabres du MoyenÂge. Mickaël Soutif revisite le genre : footballeur, PDG, astronaute, la fashion victime, le concierge et la poissonnière, non, la mort n'oublie personne. Après avoir exploré la fête des morts au Mexique, avec Catrina, paru en 2018, toujours aussi habile avec la pâte à modeler, il nous propose de nouvelles fresques aux couleurs vives et d'une extrême précision. Ses personnages sont surpris quelques instants avant leur mort. Le jeu consiste à rechercher dans l'arrière-plan ce qui va entrainer leur brutal trépas. Le quatrain qui accompagne chaque image, apporte la solution avec toujours beaucoup d'humour. Un bel album pour aborder ce thème en le dédramatisant totalement. Une coédition avec le Syndicat Mixte du Projet Chaise-Dieu, cela va de soit.

Les gentilles princesses seront-elles de méchantes reines ?

de Gregoire Kocjan et Leo Mear
Nouvelles salves d'histoires de princesses ! Si Pétra, Andréa, Claudia Elisabeth Maria, ou Anastasia, peuvent être parfois à cheval... ce n'est certainement pas sur les clichés. Après le très remarqué Les méchantes reines étaient-elles de gentilles princesses ? Grégoire Kocjan revient, avec son humour féroce devenu sa marque de fabrique. Utilisant le matériau des contes traditionnels pour passer au crible de la satire notre société, il continue à en dépeindre les travers, à nous parler de liberté, d'amour et d'égalité. Léo Méar illustre, avec truculence et respect, quelques passages remarquables. Nos préjugés n'ont qu'à bien se tenir car encore une fois, ils risquent d'être bien bousculés !

Grand et Petit

de Henri Meunier et Joanna Concejo
Madame et Monsieur accueillent le même jour deux nouveaux nés, un bébé et un bébé géant. Ils décident, ni une ni deux, que ces deux-là seront frères et élevés pareillement. Mais avec le temps le Petit devient grand et le Grand devient petit. Le texte d'Henri Meunier, à la fois poétique et elliptique, s'offre à la libre interprétation des lecteurs. Histoire de fraternité, de complicité, de transmission, d'abnégation ? A chacun de décider. Joanna Concejo illustre magistralement cette fable, précisément inspirée de son univers, avec une douceur et une sensibilité qui accompagnent la progression des émotions. De la littérature, tout simplement.

Le grand méchant chelou

de Nathalie Vessie-Hodges
Anti-héros pataud et affamé, « un Grand Méchant Chelou, aux yeux sombres et grivois, et aux airs de filou », plonge dans un recueil de contes pour s'y nourrir, à l'instar de ses glorieux ancêtres. Mais il a tant tardé... Après le Casting de Léonard, Nathalie Vessié-Hodges se frotte au détournement de conte. Inspirés par l'école anglo-saxonne (Helen Oxenbury, Babette Cole,...), ses personnages, réalisés aux feutres, sont un hommage permanent aux cartoons. Le comique de situation accentué par une narration en rimes, ravira le lecteur jusqu'à la « faim » qui ne sera certainement pas celle à laquelle il s'attendait.

Hors cadre(s) n°25 – Emprunts et variations

Hors Cadre[s] nous propose des regards croisés de critiques et de créateurs sur la production contemporaine d'albums, de livres illustrés et de bandes dessinées. Blutch, invité spécial de ce 25e numéro, nous convie à un peu plus de lucidité. Ce fou de dessin aime à considérer que son travail consiste pour l'essentiel à se confronter aux formes passées, à se mesurer à elles, à jouer avec elles. Il détaille dans un passionnant entretien tous les aspects de son travail d'alchimiste des formes héritées. Ces réemplois savants le numéro s'intéresse à les analyser notamment chez Tomi Ungerer, Regis Lejonc et Ruppert et Mulot. Des objets ou des styles désuets sont revisités, revitalisés par des artistes contemporains. On suivra ainsi l'étonnant destin des vignettes d'encyclopédie, ou le redéploiement en bande dessinée et illustration de styles graphiques issus de la première moitié du XXe siècle. Les sulfureuses publications d'Elvifrance (Kriminal, Satanic, Lucifera...) inspirent 50 ans plus tard Les Requins Marteaux, qui parodient ces grandes parades gore. Bienvenue au pays de l'hybridation de l'ancien et du nouveau ! Enquête enfin sur la nouvelle production colombine.

Hors cadre(s) n°26 – Image et musique, amours utopiques ?

Après 13 ans d'existence, Hors cadre perd son "s" mais élargit son horizon. Revue de référence des littératures graphiques, elle continue de se passionner pour les enjeux de l'album tout en ouvrant plus largement ses pages à la bande dessinée et à toutes les formes de récits en images.

Hors cadre(s) n°8 – Le temps

Le n° 8 explore la question du temps dans l'album et la bande dessinée. Comment l'image fixe, même séquentielle, même organisée au sein d'un support, réussit-elle à représenter, à exprimer, à suggérer le temps ? Les réponses sont diverses, et sont d'abord à rechercher dans la forme pure, dans l'impact du graphisme sur l'impression de temps qu'il peut susciter, notamment par l'usage de la couleur directe, sans cerner les formes, à la manière d'un Blexbolex qui signe la couverture de ce numéro. À rechercher aussi dans la capacité du livre à tronquer l'ordonnance spatio-temporelle, comme dans la bande dessinée de science-fiction, ou au contraire à mimer son implacable logique via ses cadrans et autres instruments de mesure. D'autres réponses fructueuses sont apportées par l'étude du temps du livre confronté au temps de la lecture, développées par Patrick Borione et par Yann Fastier. Autant de pistes pour un numéro qui en revient toujours à l'émotion du lecteur, comme nous le montrent aussi bien une interview de Beatrice Alemagna, que l'étude de quatre albums contemporains qui lient le temps à la mort ou celle des albums de Enzo et Iela Mari qui le relient, eux, à la vie.

La passoire

de Clarisse Lochmann
Une petite fille joue à se remémorer son rêve qui aussitôt lui échappe. Les détails deviennent soudainement incertains, ne surnagent que quelques bribes, amplifiant l'étrangeté des situations : la mémoire est une passoire ! Vaine tentative de réminiscence de séquences oniriques, car la persistance des souvenirs est aussi fragile que leur interprétation. La technique de superposition d'encre et d'aplats de couleurs numériques de Clarisse Lochmann se prête parfaitement à la restitution de l'impression de surréalité propre à l'univers des songes. Suite à son premier album, Dans la file, salué dès sa parution, cette jeune autrice-illustratrice livre ici un album au propos nettement plus ambitieux mais tout aussi réussi.

Sénégal

de Artur Scriabin-et Joanna Concejo
Rêverie mélancolique autour des souvenirs d'enfance. Il a neigé ce jour-là au Sénégal, mais c'est l'émotion du chant d'une mère qui resurgit derrière l'anecdote. Une alliance subtile entre une grande exigence formelle et une sensibilité à fleur de peau caractérise le travail de Joanna Concejo et lui vaut une reconnaissance internationale. Pour ce pendant féminin à Quand les groseilles seront mûres, publié par nos soins en 2015, elle déploie son univers dans les interstices laissés par le texte, simple et délicat, d'Artur Scriabin, en veillant à ne surtout jamais les refermer.

Le tout petit

de Anne Letuffe
Voici un imagier pour tisser des liens avec le monde. Conçu par Anne Letuffe - laquelle mêle toujours délicieusement les matières, les textures... - cet album invente et propose à l'enfant des moyens d'appréhender ce qui l'environne.

Zette et Zotte à l’usine

de Elsa Valentin et Fabienne Cinquin
Elsa Valentin raconte un conflit social avec beaucoup d'humour et de malice, dans une langue imaginaire comme elle l'avait fait pour Bou et les 3 zours (plus de 25 000 exemplaires vendus depuis 10 ans). Habile dans l'exercice, ses inventions et mots-valises restent parfaitement compréhensibles. Gouleyant et à lire à haute voix ! Les images de Fabienne Cinquin, mêlant encre de Chine, aquarelle et collage de papiers colorés, d'imprimés de magazines, parfont cette atmosphère joyeuse et révolutionnaire. On notera (ou pas) quelques clins d'oeil à Play Time, La Liberté guidant le peuple, des affiches de mai 68... Un album pour donner à voir la force du collectif, de la solidarité. Un album nécessaire en ces temps moroses, et combien plus intéressant que des commémorations.